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Nous sommes en 2024, au collège La Justice à Cergy-Pontoise. L’ambiance est paisible. Dans la cour ombragée, des collégiens jouent au foot ; d’autres, installés derrière des tables ou sur des bancs, terminent leurs devoirs au soleil. A l’intérieur, au centre de l’Agora, un espace original de passage et de détente, des élèves profitent de la pause déjeuner pour faire la sieste ou pour discuter tranquillement, perdus dans de gros poufs.
Un peu plus loin, des parents prennent le café dans la salle qui leur est réservée. Quant à la professeure documentaliste, elle aménage le centre de documentation et d’information (CDI) en bibliothèque pour les habitants du quartier, en prévision du week-end. A l’étage, des professeurs choisissent la salle qui sera la mieux adaptée à leur cours : 60, 80 ou 150 mètres carrés ?
A en croire le principal de l’établissement, Jean-Louis Lebailly, dans deux ou trois ans, lorsque la rénovation sera terminée, La Justice aura tout du collège idéal, « ouvert sur son environnement, accueillant, où chacun a sa place et se sent bien ». Voilà le résultat d’une réflexion inédite de dix-huit mois entre architectes, designers, élèves et professeurs où l’on ne s’est pas contenté de discuter de l’établissement rêvé mais où chaque espace repensé a été expérimenté.
Des écoles « casernes »
Si la démarche s’inscrit clairement dans une écoute de plus en plus forte des avis et des ressentis des principaux usagers des bâtiments scolaires depuis quelques années, elle va bien au-delà de la récente concertation publique sur le bâti scolaire, « Bâtir l’école ensemble », lancée par le ministère de l’éducation nationale et qui doit s’achever le 8 avril..
Pour l’heure, avec son vaste hall, son CDI vitré et ses demi-niveaux, le collège a déjà des atouts et a plutôt fière allure comparé aux très nombreux établissements scolaires construits dans les années 1960 et 1970. Une époque où, selon Julien Cahon, historien de l’éducation et maître de conférences à l’université de Picardie Jules Verne, « la pression démographique était telle qu’il fallait construire vite et pas cher ». Depuis, la pression démographique a diminué, mais les normes de construction très strictes imposées par l’éducation nationale sont restées.
Conséquence, derrière les façades, aujourd’hui encore, les écoles, collèges et lycées se ressemblent tous. Ils se composent d’un ou de plusieurs bâtiments, le plus souvent un rectangle, qui abrite des salles de classe standardisées de 50 à 60 mètres carrés, desservies par un couloir donnant sur un escalier à chaque extrémité.
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