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Billet

Ecoles : Blanquer, du déni à l’effet domino

La pandémie de Covid-19 en Francedossier
Le ministre de l’Education nationale s’obstine à ne pas imposer la demi-jauge pour tout le monde et garde les écoles ouvertes coûte que coûte. Pendant ce temps là, les établissements se vident de leurs élèves et de leur personnel scolaire.
par Cécile Bourgneuf
publié le 28 mars 2021 à 13h02

Jusqu’où va le déni ? Dans la tête de Jean-Michel Blanquer, il semble n’avoir aucune limite quand il s’agit de défendre la seule fierté du gouvernement dans sa gestion de l’épidémie de Covid-19 : le maintien des écoles ouvertes. Le ministre de l’Education nationale ne lâche rien là-dessus, l’école, c’est «fondamental pour les enfants». Qui a dit le contraire ? Personne. Personne ne veut revivre le confinement de mars 2020 avec des gosses livrés à eux-mêmes dans des familles défavorisées, sans ordinateur pour travailler. Evidemment que ça creuse les inégalités.

Mais ne pouvait-on pas anticiper un peu avant d’en arriver à ce qui semble de plus en plus se profiler ? A chaque fois, c’est la même histoire : les profs apprennent, par voie de presse et au dernier moment, la mise en place d’un nouveau protocole sanitaire. Toujours plus long, toujours plus précis. Sauf qu’il est inapplicable. Un exemple: il ne faut pas brasser les élèves. Ok. Mais on fait comment quand les profs sont positifs au Covid et qu’il manque cruellement des remplaçants ? On dispatche les élèves qui ne peuvent pas être gardés chez eux dans d’autres classes. Virus : 1 point. Education nationale, zéro. Des exemples comme celui-là, il y en a à la pelle, comme celui de l’aération des salles avec parfois des fenêtres qu’on ne peut pas ouvrir. Un point de plus pour le virus. Depuis un an, on n’a pas acheté des ventilateurs mais on n’a pas non plus investi (matériel dans les classes ou formation des enseignants) pour améliorer la prise en charge des élèves à distance. Et les tests salivaires, censés permettre une meilleure gestion de l’épidémie à l’école, s’avèrent surtout être une pagaille sans nom.

Comme dans le reste de la société française, l’arrivée des variants a changé la donne avec des contaminations en cascade à partir du moment où le virus franchit les grilles d’une école. L’effet domino est terrible dans certains établissements, devenus fantômes avec des dizaines d’élèves et de profs absents. Comble de l’ironie : certains bâtiments sont vides, les élèves sont repassés en distanciel mais les établissements restent ouverts. L’astuce? Ils échappent ainsi au comptage du nombre de total d’établissements fermés. Cela permet de garder la face et de dire : vous voyez bien, on ne ferme pas les écoles, on avait raison. Il s’agit donc désormais d’un choix politique, bien plus que sanitaire.

Mais où est l’égalité de traitement là-dedans ? Qui assure les cours en distanciel si les profs sont eux-mêmes malades ? Comment affirmer que des élèves, qui passent le bac à la fin de l’année, sont aujourd’hui sur un pied d’égalité alors que certaines classes sont encore pour moitié en distanciel et d’autres totalement en présentiel et cela au sein d’un même lycée ? Et au collège alors : pourquoi ne pas imposer la demi-jauge pour tout le monde ? Jusqu’où peut donc aller le déni face à l’urgence sanitaire ? Vous avez trois heures.


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