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"Je suis épuisée" : les écoles de la Loire face à une crise aiguë du remplacement

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La semaine dernière, dans la Loire, jusqu'à 60 postes d'enseignants n'ont pas été remplacés dans les écoles. En cause, des professeurs testés positifs ou cas contact. C'est le cas notamment à l'école du Centre, à La Ricamarie, où les titulaires disent leur grande fatigue.

Une classe de CP de l'école du Centre, à La Ricamarie Une classe de CP de l'école du Centre, à La Ricamarie
Une classe de CP de l'école du Centre, à La Ricamarie © Radio France - Céline Autin

La Loire fait-elle face à une crise du remplacement ? C'est en tout cas ce qu'affirme le syndicat SNUIPP, au vu des difficultés que rencontre le département pour trouver des suppléants aux professeurs malades du Covid ou cas contact. La semaine du 22 mars, jusqu'à 60 postes n'ont pas été remplacés. Parmi eux, cinq à l'école du Centre de la Ricamarie, qui compte onze classes.

Une semaine infernale pour les deux titulaires restants à l'école du Centre

L'école primaire du Centre, à La Ricamarie, a fait face la semaine dernière à une "vague de cas contacts parmi les adultes, enseignants et AVS" explique Delphine Crespe, enseignante de CP et membre du CHSCT pour le SNUIPP-FSU. "On s'est retrouvé à deux titulaires. L'inspection nous a demandé de regrouper les CP-CE1 normalement dédoublés et pour le reste, il a fallu trouver cinq remplaçants chaque jour. Il y a eu un seul jour où les cinq remplaçants étaient présents à 8h20 pour le début des cours".

En plus de ses onze élèves en CP, Delphine Crespe a donc dû accueillir dans sa classe treize élèves supplémentaires de CE1. Mais aussi assurer la coordination pour la directrice, elle aussi cas contact. Une semaine infernale à tout point de vue : "Il a fallu gérer la communication avec les parents, gérer tous les remplaçants qui n'arrivaient pas forcément à l'heure car pas missionnés à temps. Certaines classes n'avaient pas d'enseignants devant elles, donc pour ne pas brasser les élèves, on faisait des allers-retours, les portes étaient ouvertes entre les classes. J'ai du intervenir car des élèves en profitaient un peu. Je suis épuisée."

Les enfants eux aussi ont pâti de la situation. "Ils étaient plus bruyants, je les ai trouvés plus fatigués également en fin de semaine, témoigne Delphine Crespe. On a dû changer des habitudes, mettre des élèves de CP en autonomie complète". Une classe de CM a même dû rester chez elle une journée faire du travail à la maison. Et dans sa propre classe, Delphine Crespe a choisi de parer au plus pressé : "J'ai simplifié les choses, j'ai fait des révisions plutôt que de nouveaux apprentissages. Oui, on a pris du retard d'un point de vue pédagogique."

"Qu'est-ce qui vaut mieux : une garderie à la maison ou une garderie à l'école ?" - Delphine Crespe, enseignante en CP et membre du CHSCT pour le SNUIPP-FSU

Parmi les cinq remplaçants trouvés à l'école du Centre, trois n'étaient pas titulaires d'un diplôme d'enseignement, l'une étant conseillère pédagogique. Delphine Crespe tient aussi à rappeler le manque criant de remplaçants pour les AVS depuis de longs mois : "Ce sont des aides indispensables pour des élèves en grand besoin. Certains collègues témoignent de leur épuisement à devoir gérer des crises d'enfant autiste faute d'accompagnant. Cela perturbe et fatigue tout le monde."

Une situation ingérable au niveau du département selon le SNUIPP-FSU

Un exemple frappant parmi d'autres, selon Yves Bornard, co-secrétaire du syndicat SNUIPP-FSU dans la Loire. "On ne parle même plus d'un manque de remplacement, mais d'une crise du remplacement. En temps normal on s'inquiète beaucoup à sept voire dix classes non remplacées. La semaine dernière c'était soixante classes." Il table même sur une augmentation des classes non remplacées d'ici les vacances de Pâques, à hauteur d'une centaine.  

Selon Yves Bornard, si les orientations nationales sont à blâmer, il y a également un "manque de pilotage départemental de l'épidémie et de la gestion du personnel. On prend la vague comme l'année dernière sans jamais rien avoir anticipé." Ainsi le SNUIPP-SFU réclame des postes de remplaçants pour la Loire depuis des années, et à nouveau à la dernière rentrée de septembre : "On nous a répondu qu'il fallait se féliciter de ne pas avoir perdu de poste !"

L'inspection académique aurait fait quelques propositions pour tenter de pallier ce manque criant de remplaçants. Notamment de demander aux directeurs d'école de sacrifier leur temps de décharge pour prendre des classes, ou aux enseignants détachés auprès d'élèves allophones (dont le français n'est n'est pas la langue maternelle). Des propositions très loin de satisfaire le SNUIPP-FSU.

  • Dominique Poggioli, le DASEN de la Loire, est notre invité ce lundi à 7h45 pour parler de cette situation dans les écoles du département.

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