Pays de Montbéliard - Education Réforme du bac : profs et parents grondent à Montbéliard

Précipitation, hausses des effectifs ou des inégalités… La mesure inquiète fortement. Assurant le SAV, le recteur tente la pédagogie en arpentant le terrain. Exemple au lycée Germaine-Tillion à Montbéliard.
Sébastien MICHAUX - 14 janv. 2019 à 05:10 | mis à jour le 14 janv. 2019 à 09:55 - Temps de lecture :
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La nouvelle formule du bac entrera en vigueur en 2021. Et ce seront les élèves qui entrent en seconde à la rentrée scolaire 2019 qui l’inaugureront. Mais la réforme est déjà en marche…  Photo Alexandre MARCHI
La nouvelle formule du bac entrera en vigueur en 2021. Et ce seront les élèves qui entrent en seconde à la rentrée scolaire 2019 qui l’inaugureront. Mais la réforme est déjà en marche… Photo Alexandre MARCHI

Dans le domaine de l’éducation, il s’agit incontestablement d’une forme de big bang. Le bac nouvelle formule interviendra en 2021. Et ce sont les élèves qui sont entrés en seconde à la rentrée 2018 qui l’inaugureront.

Dès lors, les filières actuelles (S, ES, L) auront disparu. Au profit de spécialités (trois matières au choix de quatre heures en première, deux en terminale, auxquelles s’ajoutent des enseignements optionnels). Ces spécialités, qui varient en fonction des établissements, seront articulées autour d’un tronc commun où l’on retrouve le français (uniquement en première), la philosophie (uniquement en terminale), l’histoire-géo, les langues, l’enseignement scientifique, l’enseignement moral et civique ou l’EPS. Mais pas les mathématiques !

Face à la fronde, le recteur d’Académie, Jean-François Chanet, laboure le terrain. Une table ronde a réuni professeurs, enseignements, élèves et parents d’élèves au lycée Germaine-Tillion.

Pourquoi la réforme

C’est quelque chose sur laquelle bon nombre s’accordent lorsqu’on parle du bac : la nécessaire réforme du système actuel. « Le bac général est une production de bacs S à marche forcée », juge le recteur. « Il est plaisant de regarder les pourcentages de réussite, mais on oublie de dire que les mêmes élèves échouent à hauteur de 50 % le passage de Licence 1 à Licence 2 (du nom de diplômes universitaires, NDLR) », poursuit le directeur académique des services départementaux, Jean-Marie Renault.

« Les séries sont des tuyaux d’orgue qui n’ont plus aucun sens. En terminer avec, c’est ça l’esprit de la réforme. Être systématiquement contre tout changement, ça consiste à vouloir défendre hier ou avant-hier ».

Une dernière phrase du recteur qui a heurté une professeur. « Je suis blessée car nous sommes d’accord, il faut que les choses changent. Mais il fallait le faire progressivement, selon le principe d’un moratoire actif : on teste et on voit ». Une autre : « On a le sentiment de ne pas être écoutés et que l’urgence tient plus à la nécessité de simplifier pour réduire le coût ».

Entre flou et calendrier serré

« C’est une réforme floue pour nous, ça fait un peu peur », exprime une élève. Une mère de famille s’interroge : « Comment choisir ? Où aller ? » Un papa : « Avoir à choisir, en fonction de son orientation, entre plusieurs établissements, renforce la difficulté ». Les enseignants jugent, quant à eux, que l’orientation, plus fine qu’auparavant, et qui doit s’effectuer au 2e  trimestre de seconde, est « trop précoce ». De plus, selon eux, voilà qui « renforcerait les inégalités sociales liées à une liberté de choix toute relative qui profiterait avant tout aux élèves et familles les mieux informées ».

« On oublie le tronc commun », oppose le recteur, « qui comporte seize heures, soit plus que les spécificités qui en comptent douze et qui sont moins déterminantes que les filières actuelles. On ne creusera pas plus d’écarts que le système actuel a entretenus depuis des années ». Quant à la mise en œuvre, Jean-François Chanet le concède : « Certes les temporalités pédagogique et politique ne sont pas les mêmes, mais cette réforme, soit on la subit, soit on adopte une attitude plus active ».

Effectifs et mobilité

C’est un point qui inquiète les enseignants : la hausse du nombre d’élèves par classe. « Nous avions un seuil à 28 en seconde, ce sera 35, avec plus d’hétérogénéité, ce ne sera plus possible », estime l’un d’eux. « En classe technologique, c’est inenvisageable », reprend un collègue. « 35 élèves n’est pas une norme », rétorque le recteur, « mais une situation où l’on arrivera ici ou là ». À la « mutualisation » de sorte à pouvoir étudier dans deux établissements distincts, un père de famille s’inquiète des déplacements. Un problème bien plus prégnant en zone rurale.

Formation et programme

Une autre crainte tient dans la formation des enseignants et des programmes à venir. « Comment préparer nos élèves aux épreuves du bac dont on ne connaît pas encore la teneur ? » « Le programme définitif n’est pas encore connu, mais nous avons des éclairages déjà et les premières formations, élaborées par l’université, débutent fin janvier », répond Jean-François Chanet. Lequel, dans un délicat exercice de déminage, n’a pas fini de faire de la pédagogie.